ANDRÉE WESCHLER : Le corps comme langage
- French Smile

- 4 days ago
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"French Moments with..." vous invite à plonger dans des instants uniques où culture, art et art de vivre à la française s’entrelacent.
Aujourd’hui, c’est Andrée Weschler, artiste plasticienne et performeuse, qui nous ouvre les portes de son univers sensible et engagé. À travers la performance, la vidéo et la photographie, elle explore la mémoire du corps, l’identité et les traces laissées par le temps. Entre la France et l’Asie, son art devient un langage où chaque geste raconte une histoire.

Je suis née en France. En 1995, j’ai quitté l’Europe pour l’Asie. J’ai étudié les arts plastiques à Singapour (Nanyang Academy of Fine Arts), en Australie, puis à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, où j’ai notamment suivi l’atelier d’Annette Messager.
Dans ma pratique artistique, je me définis comme plasticienne performeuse. J’ai développé un travail qui mêle la performance, la vidéo, la photographie et l’installation. L’ensemble de mon œuvre pourrait se lire comme un journal intime, un carnet aux chapitres multiples où je dépose mes lectures, mes pensées, mes souvenirs, mes traumatismes, mes joies et mes obsessions.
Dans mon processus, le corps devient à la fois outil et voix, toile et pinceau. J’utilise ma propre présence pour interroger la mémoire, l’oubli, l’identité et les rôles que la société nous assigne. Certaines de mes œuvres incarnent particulièrement cette recherche.
Dans The Forgotten (2018), je me place à la fois comme sculptrice, modèle et sujet. Durant la performance, je me couvre d’argile encore molle et humide, que je sculpte à même ma tête et mon visage, créant sans voir de multiples formes mouvantes. J’y rends hommage aux artistes oubliés, celles et ceux que l’histoire a effacés.

Dans The Hairy Virgin, une série commencée en 1998, j’incarne une figure légendaire trouvée dans un livre publié au XVIᵉ siècle — celle d’une jeune fille réelle, entièrement recouverte de poils — à travers laquelle j’explore les rapports entre la matérialité du corps, le mythe et la société.

La série des Perles, quant à elle, s’inscrit dans une étude sur l’innocence. En 2006, ma vie ressemblait à un désert. Tout le monde semblait affairé, actif, plein de vie, tandis que j’étais prisonnière de mon propre appartement. Rien ne se passait. Je me sentais comme un objet parmi d’autres. Un jour, une amie m’a offert un paquet d’argile. J’ai commencé à façonner de petites perles de porcelaine, sans raison particulière. Elles étaient jolies, fragiles. Pour échapper à ma léthargie, chaque soir, je modelais ces perles. Peu à peu, toutes ces perles ont formé un collier de plusieurs mètres : très beau, très lourd, presque impossible à porter.

Ce qui me guide, c’est ce mélange entre l’introspection intime et le désir de toucher à l’universel. Le corps habité par la mémoire, le geste performatif, la matérialisation de l’effort : autant de notions qui traversent mes pièces. Le corps en action devient un outil de découverte — souvent, il est matière lui-même.
Vivre entre la France et l’Asie m’a offert un regard croisé, une distance, mais aussi une sensibilité particulière à l’espace, au corps et à l’altérité. Mes œuvres ne cherchent pas à produire des objets, mais des expériences. Elles se construisent dans le temps, entre le plein et le vide, la mémoire et la disparition.

Bonjour, je m'appelle Andrée.
Artiste plasticienne et performeuse, je vis entre la France et l’Asie, où mon travail explore les liens entre le corps, la mémoire et l’identité.
Formée aux arts plastiques à Singapour, en Australie et à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, j’ai développé une pratique qui mêle performance, vidéo, photographie et installation.
À travers mes œuvres, je questionne la place du corps comme mémoire vivante.
Photo credits: Les photos noir et blanc: Anita Vozza
Et vous, comment exprimez-vous ce que les mots ne peuvent pas dire ?
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